Discours

Table ronde sur les Femmes, la Paix et la Sécurité

Sommet de l'OTAN, Washington DC – 9 Juillet 2024

NATO Summit, Washington DC – 9 July 2024

Sommet de l’OTAN, Washington DC – 9 juillet 2024
 
Merci, Représentante spéciale Fellin, et à vous, Ambassadrice Gupta, d’organiser cet événement. Je n’imagine pas un Sommet de l’OTAN sans une discussion approfondie sur les Femmes, la Paix et la Sécurité (FPS), et vous êtes les mieux placées pour nous y guider. Je remercie également tous les participants pour leurs remarques éclairantes.
 
Mon pays a toujours été un fervent défenseur de l’Agenda 1325 et met déjà en œuvre son 4e Plan d’Action National sur la question des Femmes, de la Paix et de la Sécurité. Ce plan guide notre action tant au niveau national qu’international.
 
Il repose sur un principe fondamental : les femmes jouent un rôle clé dans la désescalade des conflits et la construction de la paix. Elles doivent avoir leur place à la table des négociations si nous voulons bâtir une paix durable. La participation pleine et entière des femmes doit être prise en compte dans tous les aspects liés à la paix.
 
Cela a été démontré à plusieurs reprises dans l’Histoire. L’un des exemples les plus marquants a eu lieu en 2011 aux Philippines : des femmes musulmanes, soutenues et formées par ONU Femmes, ont mené des négociations avec le Front Moro de Libération Islamique. Deux d’entre elles ont ensuite intégré l’équipe de négociation avec le gouvernement philippin. Un an plus tard, elles ont réussi à mettre fin à l’un des conflits les plus longs du monde (près de 40 ans).
 
Plus récemment, en Ituri (RDC), une grand-mère-négociatrice a mis fin à des violences et libéré des otages dans l’une des régions les plus ravagées par la guerre en Afrique. Pétronille Vaweka a remporté l’année dernière le prix « Femmes bâtisseuses de paix ».
 
Permettez-moi de vous dire quelques mots sur sa méthode, qui, selon elle, est toujours la même : elle regarde calmement les belligérants dans les yeux et s’adresse respectueusement mais fermement à ce qui reste en eux des valeurs traditionnelles et des voix de leurs mères. Veulent-ils vivre constamment dans la guerre ? Comment imaginent-ils construire un avenir pour eux-mêmes, une paix pour leurs enfants, avec une violence qui les isole davantage ?
 
« Je commence par voir ces hommes non pas comme des ennemis, mais comme des êtres humains. Ils veulent montrer leur force, mais beaucoup sont devenus violents par désespoir ou par peur. Je les écoute. » Et à la fin, « ces hommes comprennent que j’ai pris des risques pour venir leur parler, et ils me respectent. »
 
Pétronille a récemment travaillé comme formatrice en gestion des conflits dans le cadre des efforts conjoints de la RDC et des Nations Unies pour stabiliser les zones ravagées par la guerre. L’an dernier, elle a fondé l’organisation « Femmes Engagées pour la Paix en Afrique ».
 
Revenons à l’agenda de l’OTAN sur les FPS. Je suis ravie que la nouvelle Politique sur les Femmes, la Paix et la Sécurité, qui sera adoptée par nos dirigeants durant ce sommet, soit un document ambitieux et concret.
 
Nous voulons insister sur l’importance de la participation pleine, égale et significative des femmes, d’un leadership sensible au genre, ainsi que d’une appropriation transversale de cet agenda au sein de l’ensemble de l’organisation. L’objectif principal doit désormais être d’intégrer pleinement cette politique FPS dans les trois missions principales de l’OTAN.
 
Nous devons également intensifier notre coopération avec nos partenaires pour qu’ils s’associent pleinement à cette politique.
 
Et bien sûr, nous avons besoin d’un plan d’action robuste, soutenu par les ressources financières et humaines nécessaires. Le travail sur ce plan d’action, que nous lancerons plus tard cette année, sera d’une importance cruciale pour nous. Sans cela, notre nouvelle politique pourrait rester un ensemble de bonnes intentions.
 
Notre action est d’autant plus nécessaire que je regrette de constater que la sécurité et la sûreté des femmes et des filles se détériorent à l’échelle mondiale. De l’Ukraine à l’Afghanistan, de la RDC au Myanmar, la prévalence de la violence sexuelle et basée sur le genre, y compris la violence sexuelle liée aux conflits, exige notre attention.
 
Pour illustrer notre engagement, je voudrais partager quelques exemples de ce que fait la Belgique :
 
- Nous proposons actuellement une résolution au Conseil des droits de l’homme sur la violence sexiste facilitée par la technologie, et comptons sur votre soutien dans cette démarche.
- Dans le cadre de notre Présidence de l’UE, récemment conclue, nous avons co-organisé un Groupe de travail européen dédié aux FPS, avec un accent particulier sur la région du Sahel.
- En Ukraine, nous avons alloué une contribution volontaire d’un million d’euros à l’équipe d’experts des Nations Unies sur l’État de droit et la violence sexuelle en période de conflit.
- Nous avons également soutenu le Fonds d’ONU Femmes pour l’humanitaire et la paix, avec une contribution de 600 000 euros, principalement destinée à l’Ukraine et la Moldavie.
- Sur le continent africain, notre Institut Egmont travaille depuis des années sur des programmes de leadership féminin dans des pays comme le Niger, le Sénégal et la RDC. J’ai eu moi-même la chance de participer activement et d’assister à une cérémonie de remise de diplômes particulièrement émouvante au Kenya.
 
À travers ces programmes, nous contribuons au développement des compétences des femmes leaders œuvrant dans des secteurs clés, notamment celui de la paix et de la sécurité. Ce ne sont là que quelques exemples illustrant notre engagement.
 
Pour conclure, permettez-moi de revenir brièvement sur la situation en Afghanistan, où les femmes souffrent et disparaissent de l’espace public. Malgré des résultats limités, la récente réunion à Doha doit être vue comme une opportunité pour recentrer l’attention de la communauté internationale sur le sort des femmes et des filles afghanes. Nous ne pouvons pas les abandonner.
 
Depuis le retour des Talibans, la Belgique maintient résolument son soutien aux femmes et aux filles du pays, par le biais d’agences multilatérales comme ONU Femmes, mais aussi en soutenant directement les organisations locales de la société civile.
 
Entre autres, la Belgique finance des « maisons-refuges » pour les défenseurs des droits des femmes en Afghanistan, où les militantes et leurs familles peuvent trouver un abri en cas d’attaque et entreprendre un projet de réinstallation.
 
Leur situation peut sembler désespérée, mais il est de notre devoir collectif de continuer à agir pour elles.
 
Chers collègues,
 
Je suis convaincue que l’OTAN et ses partenaires doivent jouer un rôle de premier plan dans l’Agenda des Femmes, de la Paix et de la Sécurité. Nous espérons que le thème des FPS continuera d’occuper une place centrale dans les Sommets de l’OTAN, avec tous les Alliés autour de la table.
 
Vous pouvez compter sur moi pour continuer à œuvrer dans ce sens. Merci.