Le projet Metis est prolongé
Le Conseil des Ministres a adopté ce vendredi 14 juillet, sur proposition de la Ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, de la Ministre de la Coopération au développement, Caroline Gennez, et du Secrétaire d’Etat chargé de la Politique scientifique, Thomas Dermine, la prolongation jusqu’au 31 janvier 2026 du projet Métis. La première partie de la phase 1 a mobilisé 400.000€ intégralement payés par les Affaires étrangères. Le coût de la prolongation (29 mois) est estimé à 350.000€. Il est réparti entre les Départements de la Politique scientifique, des Affaires étrangères et de la Coopération au Développement.
De nombreux métis ont été l’objet de pratiques de déplacement et de séparation forcés durant la période (post-)coloniale, dans les territoires anciennement colonisés. Parmi eux, certains ont été déplacés hors d’Afrique, principalement à l’époque des indépendances, et vers la Belgique, pour y être placés dans des familles ou institutions d’accueil. À l’heure actuelle, de nombreux métis, qu’ils résident en Afrique, en Belgique, ou ailleurs, subissent encore de graves conséquences de ces pratiques : perte d’identité et des origines, traumatismes, absence de documents administratifs essentiels, etc.
Une Résolution relative à la ségrégation ciblée subie par les métis issus de la colonisation belge en Afrique a été adoptée par la Chambre le 29 mars 2018. Parmi ses recommandations, celle de répertorier les dossiers personnels des métis et d’effectuer des corrélations entre eux. Cette recommandation est prise à bras le corps par les Archives de l’Etat, en collaboration avec les Affaires étrangères et la Coopération au développement.
Concrètement, il s’agit de :
I. localiser, identifier, et répertorier les informations documentant les parcours individuels et collectifs des métis nés dans le contexte de la colonisation belge, et faire des liens entre ces informations en vue de reconstituer des liens familiaux.
II. répondre aux demandes individuelles de recherche des origines envoyées par les métis ou leurs descendants.
Ce travail, qui a débuté le 1er septembre 2019, devait s’achever le 31 août 2023, mais la tâche a été bien plus conséquente que prévu. Une série d’obstacles (logistiques, juridiques, heuristiques, etc.) ont été levés ou sont en passe de l’être et il aurait donc été regrettable de ne pas valoriser l’énorme travail engagé depuis septembre 2019. Il ne faut pas rappeler aussi que la crise sanitaire a entrainé un certain retard dans le travail des chercheurs.
« Nous nous devons d’aider les Métis à connaitre et à reconstruire leur histoire de vie. C'est ce que nous faisons depuis plusieurs années, mais le travail est loin d’être terminé. Avec cette prolongation du projet Métis, nous poursuivons l’important travail de recherche et de mémoire historique et nous répondons également aux demandes légitimes des Métis. Des demandes concernant leur propre histoire personnelle et collective et leurs racines. Nous restons pleinement mobilisés, en dialogue notamment avec les associations de Métis », indique Hadja Lahbib
« Savoir d'où l'on vient est un besoin fondamental. C'est pourquoi la recherche historique sur le traitement des métis belges pendant et peu après la période coloniale est si importante. Au cours de la première phase de la recherche, il est apparu clairement que le besoin de reconnaissance et de connaissance est très important - à tel point que l'extension du projet est la seule étape logique. Les chercheurs doivent disposer du temps et de l'espace nécessaires pour faire leur travail et traiter correctement les demandes individuelles, afin d'aider les gens à retrouver leur famille, leur passé et leur histoire », poursuit Caroline Gennez
« Il était essentiel à mes yeux d’offrir aux métis déplacés toutes les réponses possibles aux questions qu’ils se posent sur leur passé. Cette prolongation permettra de répondre aux nombreuses demandes de recherches des origines qui nous sont parvenues et qui continuent à affluer, d’accompagner au mieux les demandeurs, et de traiter chaque demande avec attention. Ceci s’inscrit dans la continuité de notre politique de réconciliation et de meilleure compréhension historique entre la Belgique et le Congo initiée notamment à travers le travail sur le patrimoine artistique et culturel », conclut Thomas Dermine