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Conférence de Presse Erevan

Monsieur le Ministre,

Cher Ararat,
 
J’aimerais tout d’abord vous remercier pour votre accueil chaleureux ici à Erevan. On le sait, les contacts diplomatiques sont réguliers entre nos deux pays. Mais cela faisait 8 ans qu’un Ministre des Affaires étrangères belge n’avait plus foulé ce sol. Cela représente une éternité, quand on connait les liens très forts qui unissent nos deux peuples. 
 
Je dois vous dire que c’est aussi avec une grande émotion que j’ai pu rendre hommage aux victimes du génocide arménien. Il est de notre devoir à tous de ne pas oublier ce chapitre tragique de votre histoire, et il est aussi de notre devoir de tout mettre en œuvre pour éviter que l’histoire ne se répète. 
 
Monsieur le Ministre, 
Nous avons l’immense chance de compter, en Belgique, une diaspora arménienne de 30.000 personnes. Certains y sont nés, grandissent dans notre pays, et y fondent une famille. Ils sont toutes et tous fiers d’être arméniens, fiers d’être belges. 
 
Cette proximité humaine se traduit évidemment dans les riches relations diplomatiques qu’entretiennent nos deux pays. 
Je suis à cet égard très heureuse de confirmer que, sur ma proposition, le Conseil des Ministres du 19 juin, a décidé l’ouverture d’une Ambassade à Erevan. 
Ce geste fort, attendu par les Arméniens de Belgique, démontre l’importance que nous attachons aux excellentes relations politiques que nous entretenons, mais également la volonté d’encore renforcer  nos échanges tant politiques, qu’académiques, culturels et économiques.
 
Comme nous avons pu l’évoquer ensemble, de nombreuses opportunités d’échanges existent, et je peux vous assurer qu’il y a, du côté des entreprises belges, une réelle volonté d’approfondir et de créer des liens notamment avec les acteurs économiques arméniens, dont le développement récent est impressionnant. Je sais que cette volonté est partagée et qu’elle trouvera à s’épanouir lors de la mission commerciale organisée en octobre à Erevan par l'Agence wallonne pour le commerce et les investissements (AWEX). Et je suis persuadée que cette mission commerciale en appellera rapidement d’autres. 
 
Monsieur le Ministre, 
 
Si je suis ici, c’est aussi pour vous soutenir autant que vous encourager dans la résolution d’un conflit qui n’a pas trouvé d’issue depuis plus d’un siècle et fait de trop nombreuses victimes. Nous en avons parlé au cœur de cet été, j’ai pu vous dire toute l’inquiétude de la Belgique suite aux tensions persistantes dans la région du Karabach / Haut Karabagh. 
 
Je le dis d’emblée, et clairement : la seule voie valable pour sortir de ce conflit historique, c’est la voie du dialogue et du compromis, même si celui-ci est difficile à atteindre.
 
J’ai eu l’occasion de le mentionner aujourd’hui,  et j’en ferai de même à mon collègue azéri durant mon entretien plus tard cette semaine. 
 
La tenue de rencontres au cours de cette année 2023 dans divers formats, et notamment sous la houlette de Charles Michel, président du Conseil européen, que nous soutenons pleinement, ainsi que des Etats-Unis, constitue une avancée positive. 
 
Les dirigeants arméniens et azéris ont pleinement réaffirmé leur respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de chacun. Je salue les déclarations courageuses de votre Premier Ministre, qui vont dans le sens de la paix.  Ce respect doit maintenant se traduire sur le terrain. Il est du devoir de chaque état d’assurer le bien-être de sa population. Les droits et la sécurité de la population arménienne doivent être garantis J’inviterai mon homologue Azéri à œuvrer dans ce sens.
 
Les derniers pourparlers à Bruxelles ont montré qu’un accord de paix était à portée de main. Il en va de la responsabilité des dirigeants des deux pays de tout faire pour l’atteindre et permettre aux peuples Azéris et Arméniens de vivre en paix. 
 
De nouvelles consultations doivent avoir lieu à la rentrée, et à Bruxelles comme à Erevan et à Bakou, nous aspirons tous à les voir aboutir à un tournant historique. Pour y parvenir, vous savez que vous pouvez compter sur l’Union européenne.  
Dans ce contexte difficile, je tiens également à saluer la décision de l’Arménie d’accueillir sur son territoire la Mission européenne d’observation qui a pour objectif d'assurer la stabilité et la sécurité dans la zone frontalière. J’aurai l’occasion de remercier directement les Belges qui y contribuent activement.    
Ces différentes initiatives doivent permettre de rétablir la confiance nécessaire et de bâtir une paix durable entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. 
 
Car, je vous l’ai dit, la Belgique est profondément préoccupée par la détérioration des conditions humanitaires dans la région du Karabagh / Haut-Karabakh. 
Le obstructions à la circulation et au commerce dans le Couloir de Latchine ont eu un impact majeur sur les populations locales, qui souffrent d’un manque d’accès à des biens de première nécessité et sont menacés par la famine et la maladie. Cela m’a encore été confirmé durant ma rencontre ce matin avec le Comité International de la Croix rouge. Cette mise en danger de la vie des habitants n’est pas acceptable.
La Belgique s’inscrit totalement dans la position adoptée par l’ensemble de l’Union européenne : il incombe aux autorités azéries de  garantir la sécurité et la liberté de circulation le long du couloir de Latchine afin que la crise ne s’aggrave pas. La Belgique, tout comme l’Union européenne continueront, dans leurs contacts diplomatiques, à insister dans ce sens. 
 
Monsieur le Ministre, 
comme vous le savez, la Belgique prendra, au 1er janvier 2024, la présidence de l’Union européenne. L’Arménie constitue pour nous, européens, un partenaire de choix.  Et dans le contexte mondial difficile et instable qui est le nôtre, il nous tiendra à cœur d’assurer et de renforcer les partenariats qui nous lient.
Et j’en profite pour vous dire que  je suis heureuse de constater que la mise en œuvre de l’accord de partenariat global et renforcé commence d’ores et déjà à produire ses effets.  
De premières réformes ont pu être mise en œuvre en matière d’état de droit, de bonne gouvernance et de respect des droits de l'homme. J’ai eu l’occasion de saluer ces avancées. Et je sais que vous aurez à cœur de poursuivre les réformes pour  éliminer toutes les formes de  discriminations,  renforcer l'indépendance du pouvoir judiciaire et lutter plus efficacement contre la corruption. 
Là encore, sachez que la Belgique et l’Union européenne se tiendront à vos côtés dans ce processus aussi ambitieux que nécessaire.
D’ores et déjà, l’Union européenne contribue au développement, en Arménie, d’une économie durable, innovante et compétitive, en soutenant plus de 30.000 PME et de nombreuses startups technologiques. Nous soutenons également la connectivité au sein du pays, via le soutien au développement de l’axe autoroutier Nord-Sud. J’ai également pu observer dans les rues d’Erevan que le développement du transport public électrique, soutenu par l’Union européenne, avance à grands pas. Le projet green buses for Erevan porte déjà ses fruits !
Enfin, et j’aimerais terminer sur ce point, nous avons pu évoquer ensemble l’agression russe contre l’Ukraine. La Belgique, tout comme l’Union européenne, condamnent fermement cette agression. 
Il est clair que le conflit a des conséquences très négatives à la fois pour l’Europe et pour cette région historiquement liée à l’ex-bloc soviétique.
En tant que partenaires de la Belgique et de l’Union européenne, sachez que nous aurons à cœur de maintenir et de renforcer le dialogue sincère, honnête et franc que nous entretenons depuis de nombreuses années sur tous les sujets, ainsi que les liens qui nous unissent. Je sais que ce souhait vous tient à également à cœur cher Ararat, et qu’il est partagé autant par les Belges que par les Arméniens de Yerevan à Bruxelles.  
 
Merci pour votre attention.