Discours

Débat ouvert du Conseil de sécurité de l’ONU

Monsieur le Président, 
Chers members du Conseil,
Chers collègues,

Il y a dix-huit mois, le monde assistait incrédule à l’agression russe en Ukraine, foulant aux pieds la Charte qui unit les Nations. Les principes de la Charte ne sont pas seulement des impératifs moraux et juridiques. Ils conditionnent l’existence même d’un ordre international tourné vers ce à quoi tout être humain aspire : la paix, la prospérité et la jouissance de ses droits. 

À une très large majorité, l’Assemblée générale a su faire preuve de fermeté en affirmant son attachement à la souveraineté de l’Ukraine, à son indépendance et à son intégrité territoriale. Elle a également déploré les conséquences désastreuses de l’agression russe sur les civils et notamment les enfants, en violation totale du droit international, humanitaire et des droits humains.  

Nous saluons l'inscription des forces armées russes et des groupes qui y sont affiliés en Ukraine sur la « liste d’infamie » du rapport du Secrétaire général sur les enfants dans les conflits armés. Il nous faut désormais agir. 

Ce Conseil n’a jusqu’à présent malheureusement pas été à la hauteur de son rôle de garant ultime de la paix. L’Ukraine n’est pas le seul pays à souffrir de cette impuissance. Le monde entier a plus que jamais besoin d’un ordre international fonctionnel, efficace et fondé sur le respect de la Charte des Nations Unies. 

Car tandis que l’Ukraine brûle, les défis dans les autres régions du monde ne s’arrêtent pas: les objectifs de développement durable accusent un retard colossal. La Belgique en est pleinement consciente et s’investit plus que jamais dans un multilatéralisme efficace et dans la réforme des institutions financières internationales. 

Alors que l’Union européenne et ses Etats membres fournissent 43% de l’aide mondiale au développement, la Russie n’a eu aucun scrupule à bloquer le transport maritime des céréales et à cibler des infrastructures qui nourrissent le monde entier. Transformant cette agression en un cynique business model, elle a ainsi renforcé sa position sur le marché des céréales, accroissant encore la dépendance de certains pays vis-à-vis d’elle, tout en se livrant à un chantage des plus abjects. Le large soutien transrégional à la reprise de l’initiative céréalière de la mer Noire démontre une fois de plus la valeur intrinsèque de cette initiative, qui trouvera - nous l’espérons - d’autres voies prochainement.    

 

La plupart des participants à ce débat ouvert ont exprimé leur opposition à une vision des relations internationales dans laquelle la force prime sur le droit. Car cette agression constitue bel et bien un crime contre la paix, un crime de droit international.  

En vertu du Statut de Rome, ce Conseil devrait saisir la Cour pénale internationale. Mais il est paralysé. La Belgique appuie par conséquent pleinement les efforts déployés pour mettre en place un tribunal spécial international chargé des poursuites pour le crime d’agression contre l’Ukraine. Afin qu’il ne demeure pas impuni. 

Pour terminer, permettez-moi d’insister sur le fait que le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté sont des conditions préalables à un retour à la paix, ainsi que le souligne la résolution adoptée par l’Assemblée générale en février 2022. Ces deux principes constituent également la base du plan de paix présenté par le président Zelensky et discuté tant à Copenhague qu’à Djeddah.  La Belgique soutient ce plan, et continuera à s’investir pour parvenir à une résolution du conflit qui puisse déboucher sur une paix juste et durable.  

Je vous remercie.