Discours

Discours à l’occasion de la 52ème session du Conseil des Droits de l’Homme (Genève)

Seul le prononcé fait foi

 

Monsieur le Président,

Monsieur le Secrétaire Général,

Monsieur le Haut-Commissaire,

Excellences, Chers collègues,

Mesdames et Messieurs,

 

C’est un privilège pour moi de prendre la parole aujourd’hui, au début d’un nouveau mandat de la Belgique en tant que membre du Conseil des droits de l’homme. Je voudrais tout d'abord exprimer mes condoléances et ma solidarité envers toutes les victimes touchées par les séismes meurtriers en Turquie et en Syrie.

Comme l’ont souligné le Secrétaire Général et le Haut-Commissaire, nous célébrons cette année le 75ième anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, à laquelle ont souscrit tous les Etats membres des Nations Unies. Elle garantit que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Chacun peut se prévaloir de ces droits sans aucune distinction, en tout lieu et en tout temps.

Cette garantie d’universalité des droits humains est le fondement de l’ordre international moderne, l’obligation essentielle de tous les Etats. Elle est dès lors un principe cardinal qui guide l’action de la Belgique, tant dans sa politique interne que dans sa politique étrangère.

Hélas, cette universalité est aujourd’hui trop souvent mise à mal, en paroles comme en actes. Plus que jamais, nous devons réaffirmer que les droits humains ne sont pas une faveur accordée par les Etats. Ils sont une obligation à l’égard de tous, en toutes circonstances. Plus que jamais, nous devons nous rappeler que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est issue directement de la pire catastrophe humaine de l’histoire, la Seconde Guerre Mondiale.

 

Monsieur le Président,

Chers collègues,

La commémoration d’une année d’agression russe contre l’Ukraine avec ses conséquences dévastatrices démontrent à quel point, l’histoire malgré les enseignements qu’elle nous livre, peut malgré tout se répéter.

Le respect des droits humains est un impératif en toutes circonstances. C’est encore davantage le cas dans les zones en proie à la guerre, comme actuellement en Ukraine, suite aux actions de la Russie. La Belgique plaide donc sans relâche pour le respect du droit international humanitaire. Nous saluons le travail réalisé par la Commission d’enquête indépendante et attendons avec impatience de pouvoir lire ses derniers constats.

En outre, nous devons avant tout adopter les perspectives des victimes. Cela signifie : lutter contre l’impunité. Ce sera une de nos priorités lors de notre mandat au sein de ce Conseil.

Réaffirmer la Déclaration universelle des Droits de l’Homme implique le soutien à tous les outils complémentaires.

Je pense d’abord aux conventions internationales relatives aux droits humains.

Je voudrais particulièrement attirer votre attention sur la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Presque 25 ans après l’adoption de cette Convention, les droits des femmes et des filles sont loin d’être respectés dans de nombreux endroits du monde et par endroit, leur recul est pour le moins inquiétant. Une triste illustration est la quasi-exclusion des femmes et des filles afghanes de toutes les sphères de la vie publique.

C’est aussi le cas en Iran avec la discrimination persistante dont sont victimes les femmes et les filles. La mort de Mahsa Amini et le mouvement de protestation que cela a entraîné à travers l’Iran sont un indicateur tant du besoin de liberté d’expression que du sentiment d’injustice ressenti par la population. Nous condamnons les emprisonnements, les peines capitales prononcées et exécutées contre les manifestants. 

Globalement, malgré les progrès réalisés dans la suppression des barrières qui limitent la participation des femmes à la vie politique, il nous reste encore du chemin à parcourir. C'est pourquoi, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, j’organiserai à Bruxelles un débat sur la participation politique des femmes avec pour objectifs de dégager des actions concrètes à mener.  

Outre les organes des traités, les procédures spéciales continuent à avoir, pour mon pays, une importance primordiale. Il est impératif que des experts indépendants des droits de l’homme puissent se rendre sur place et de garantir leur indépendance, leur crédibilité et leur efficacité. Comme de nombreux autres pays, la Belgique leur a adressé une invitation ouverte. J’encourage vivement les pays qui ne l’ont pas encore fait à faire de même. 

 

Monsieur le Président, Chers collègues

Cette année nous fêtons également le 25ième anniversaire de la Déclaration sur les Défenseurs des Droits de l’Homme.

Dans ce cadre, je tiens à souligner le rôle essentiel de la société civile dans la protection et la promotion des droits humains. Leurs constats sont cruciaux pour alerter et permettre à ce Conseil d’assumer pleinement son mandat. Or, en de nombreux endroits dans le monde, ce rôle est aujourd’hui sous pression : on voit l’espace d’expression critique se rétrécir. On voit le nombre d’agressions directes, ciblées contre les défenseurs des droits humains augmenter. Leur permettre d’exercer librement et en toute sécurité est essentiel. La Belgique, avec ses partenaires de l’Union européenne, s’engage plus que jamais pour leur défense.

Pour conclure, je tiens à souligner que le Conseil des Droits de l’Homme lui-même reste pour la Belgique le forum de dialogue par excellence. Une Agora au sein de laquelle les Etats membres des Nations Unies peuvent dialoguer à égalité et dans l’intérêt de chacun, de la protection et la promotion des droits humains.

Nous espérons pouvoir contribuer de manière substantielle à son action dynamique, notamment par le partage d’expériences et la coopération. Nous remercions les nombreux Etats qui ont soutenu notre candidature au Conseil des Droits de l’homme. C’est un honneur que nous apprécions à sa juste valeur. Nous mettrons tout en œuvre pour nous montrer dignes de cette confiance.

Je vous remercie.