Interview sur le conflit en Ukraine dans le JT RTBF du 24 février
Seul le prononcé fait foi
Sophie Wilmès, bonsoir. Merci d’être avec nous dans ce contexte. Alexander De Croo a parlé tout à l’heure de la guerre de Poutine. Vladimir Poutine-lui n’a pas prononcé ce mot, sommes nous en guerre madame Wilmès ?
Si on ne peut pas aujourd’hui utiliser le mot guerre, je ne sais pas quand on doit l’utiliser. Vous avez montré à vos téléspectateurs les images absolument horrifiantes de ce qui ce passe depuis l’aube ce matin. Une population terrifiée, des centres de contrôle, la prise de Tchernobyl, la prise d’aéroports, toute une série d’attaques simultanées tout autour de l’Ukraine. On sait que la Russie avait décidé d’encercler l’Ukraine - tout en expliquant d’ailleurs qu’elle souhaitait rentrer dans l’approche et dans le dialogue diplomatique, elle ne faisait à mon avis que gagner du temps pour mieux préparer cette invasion.
Une guerre que vous condamnez, que l’Europe condamne, en embrunissant des sanctions qui – en croire les Russes – ne leur font pas peur. Vous, croyez-vous à un effet dissuasif de ces sanctions ?
Les sanctions ont toujours pour effet - au départ - d’être dissuasives. Ici, effectivement, ça n’a pas empêché la Russie d’envahir l’Ukraine. On avait commencé effectivement avec un premier paquet de sanctions en se disant qu’on évoluerait de manière progressive en fonction du niveau de l’agression. Aujourd’hui on a dépassé tout entendement – pas que avant ça soit acceptable bien d’ailleurs non plus. Nous plaidons – en tout cas en Belgique - pour un paquet de sanctions qui soit absolument massif et déterminant, non pas pour dissuader Vladimir Poutine de ce qu’il fait aujourd’hui mais pour lui montrer que l’Europe ne lâchera pas la pression, continuera à travailler au bénéfice des Ukrainiens.
Une Europe qui ne va pas lâcher la pression, mais – on va le rappeler – l’Ukraine n’est pas membre de l’OTAN et donc ni la Belgique, ni les Alliés, n’interviendront avec des hommes et des armes sur le territoire Ukrainien dès lors est-ce qu’on ne va pas pleurer sur le sort d’une population, mais quand même la laisser à son sort ?
Je ne pense pas du tout qu’on la laisse à son sort. Tout d’abord parce que nous avons jusqu’à présent effectivement démultiplié les contacts diplomatiques pour essayer d’éviter l’escalade. C’est vrai qu’au fur et à mesure de la journée, on voit que ces contacts et ces canaux diplomatiques se ferment. Ils doivent quand même rester ouvert, parce que l’issue d’un conflit ne se fait que par le dialogue. J’ai peu d’espoir que ce dialogue soit sérieusement entamé par Vladimir Poutine. Il y aussi toute une série d’aides que l’on apporte à l’Ukraine en terme financier, en terme d’appuis aussi en fonction des demandes qu’ils font, et aussi en fonction des demandes que nous pouvons rencontrer.
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En territoire Ukrainien, vivent en ce moment environ 233 Belges et leurs familles. On imagine leur inquiétude. Comment aider ces Belges sur place ? Comment organiser un éventuel rapatriement d’urgence? C’est possible ?
La première chose qu’on fait maintenant c’est effectivement rester en contact. S’assurer qu’on a bien tous les coordonnées de tout le monde, parce que dans ces situations d’urgence malheureusement on a encore des gens qui se manifestent au fur et à mesure de la crise. Deuxième point, on s’assure de non seulement rester en contact avec eux, mais aussi de leur donner des conseils de prudence. À ce stade-ci nous demandons – et vu l’évolution de la situation pendant la journée – aux Belges de rester chez eux, de se protéger.
Donc ils ne participent pas à cet exode de la population ?
Rien ne dit qu’ils participent ou qu’ils participent pas à cet exode, mais on voit à quel point tout est bouché et que la situation n’est absolument pas sécurisée pour le moment. Nous verrons au fur et à mesure du temps comment les choses évoluent, comment elles se passent pour la population en générale et la population belge aussi. Il faut savoir que notre ambassade est toujours ouverte, le personnel essentiel est resté au bénéfice et au service des Belges et je pense qu’il faut le souligner.
Les liaisons aériennes ont été coupées, envoyer un avion de l’armée belge ou un avion civil belge pour aller récupérer ces Belges sur place en terre Ukrainien, c’est hors de question ?
On n’est pas du tout dans ce type de considération pour le moment. Comme vous le dites vous-mêmes, l’espace aérien est fermé donc il n’y a pas de possibilité de pouvoir entamer des vols de manière sécurisée. Vous savez que quand nous procédons à des activités de recherche de nos compatriotes nous faisons aussi en sorte de le faire dans des conditions les plus sécurisées possibles.